La Nation : Entre Marseille et Djibouti

La Nation : Entre Marseille et Djibouti

« Des similitudes au-delà des frontières »

Dixit Mohamed Omar Djama
Président de l’ADjiP

Mohamed Omar Djama est venu mardi dernier dans nos locaux. De corpulence moyenne, l’homme semble avoir le sens du contact. Il arrive, dit-il, tout droit de Marseille, la 2ème    métropole la plus peuplée de France.  Avec des accents de provençal qui lui ont attiré la sympathie de beaucoup d’entre nous. Après les premiers effets de surprise passés, le visiteur prend les devants et nous relate son parcours. Mohamed Omar Djama est un enfant du pays. Il a décroché en juin 1989 son baccalauréat au seul lycée d’antan de notre capitale.  Il s’est envolé 2 mois plus tard à destination de l’Hexagone. A l’entendre, il ne s’est pas senti  dépaysé lors de son contact initial avec les réalités marseillaises. Le climat méditerranéen et la population cosmopolite de Marseille y étaient sans doute pour quelque chose.  Tant  et si bien que la cité phocéenne est devenue sa ville d’adoption ces 27 années écoulées.

Entre temps, il est sorti diplômé d’une grande école de marine marchande.  Il a ensuite trouvé un poste officier au sein de l’ex SNCM (Société Nationale Corse Méditerranée). Il s’est marié et a 2 enfants dont l’aîné est en Maths Sup.

Mohamed Omar Djama est revenu en 2006 sur sa terre natale. Et ce en compagnie de son fils qui était alors âgé de 8 ans. Il avait constaté les changements perceptibles d’une sortie de crise. Surtout, il avait été frappé par les  comportements similaires que les boulistes djiboutiens et marseillais affichent lors de leurs parties informelles mais très disputées de pétanque sur des aires de jeux le long des ruelles à  Balbala ou à  la Canebière. Les uns avec des « keffieh » et les autres avec des bérets y reproduisent les traits de caractère de Marius, le célèbre personnage crée par l’écrivain et dramaturge français, Marcel Pagnol. Tous veulent une chose et son contraire. Tous sont attachés au cadre de vie qui est le leur. Tous aiment leurs entourages familiaux et leurs villes. Tous sont attirés par l’appel du large.

De telles similitudes au-delà des frontières ont incité notre interlocuteur à tisser des liens étroits avec d’anciens navigateurs et combattants originaires de Djibouti et résidents à Marseille. Lesquels ont eu la bonne idée de créer en 1948 une association dénommée « L’Amicale des Originaires de Djibouti ». Age avancé de ses adhérents aidant, la structure associative était en léthargie depuis 2006.

En connaissance de cause, le capitaine Mohamed Omar Djama et plusieurs autres franco-djiboutiens ont repris les rênes de cette association en janvier 2015. Ils l’ont  restructurée et choisi une nouvelle appellation “l’Association des Djiboutiens de Provence” (ADjiP). Mohamed Omar en assure la présidence. L’ADjiP compte aujourd’hui plus de 200 membres dont les doyens sont Ali Mead et Mal Hassan. Elle est présente sur les réseaux sociaux. Son compte Facebook est riche en post et images sur les activités culturelles et sportives de l’association. L’une des plus réussies remonte au 24 septembre 2016. Il s’agit de la soirée musicale animée par le chanteur Hanateyeh. « Outre l’ambiance festive, ce type de manifestation culturelle a l’avantage d’instaurer un dialogue  entre les différentes classes d’âges parmi les membres de l’ADjiP. Les vieux et adultes en profitent pour transmettre aux adolescents et aux enfants les règles de base du vivre-ensemble dans la société française. Nous voulons faire de nos jeunes des hommes et femmes de qualité, respectueux des valeurs morales de leurs ancêtres nomades et celles républicaines de la France. Espérons qu’ils sauront trouver un juste équilibre entre le respect de leurs traditions et l’ouverture au monde extérieur afin de vivre en harmonie avec le reste de la communauté française », nous a confié  Mohamed Omar Djama.

Bien au frais dans nos locaux, le capitaine de marine marchande se projette déjà au mois de juin 2017. Car en plus d’une soirée festive, il envisage d’organiser une exposition de tableaux et photos sur Djibouti dans une grande salle de Marseille en prévision de la célébration du 40ème anniversaire de l’indépendance nationale.

Sur place, les participants auront tout loisir de découvrir  les peintures d’Omar Moubine et les clichés d’Eric et Bachir Nour. Le pari des dirigeants de l’ADjiP est que leurs invités puissent répartir du prochain vernissage avec plein d’images et de rêves sur la diversité culturelle et les potentialités touristiques de Djibouti.

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Article publié dans le journal de La Nation date du 24 Novembre 2016